Daniel Tauvry est né le 21 septembre 1669 à Laval (Département de la Mayenne). Docteur de la Faculté de Médecine d’Angers en 1685 puis de celle de Paris en 1697 — il lui fallait ce dernier titre pour être autorisé à exercer dans la capitale —, il publiera de nombreux ouvrages d’anatomie, d’embryologie, de médecine et de pathologie. Affaibli par un travail acharné, il mourra de phtisie en 1701, probablement le 9 février (1, 2). L’éloge funèbre de feu monsieur Daniel Tauvry sera prononcé par celui qui occupait alors le fauteuil 27 à l’Académie française (3), le célèbre poète et philosophe Bernard Le Bouyer de Fontenelle (4).
C’est son traité d’anatomie de 1698 qui attire aujourd’hui notre attention. Daniel Tauvry y écrit qu’« [i]l paraît assez difficile de déterminer ce qui occasionne en nous le sentiment d’odeur. (5) » Dans un chapitre de près de 9 pages consacrées exclusivement à l’odorat, il commence par se demander si les odeurs sont dues à des « détachements réels des particules du corps, que nous nommons odorants [ou si elles sont créées] par un air modifié dans le corps odorant. (6) » En d’autres termes, l’air ambiant devient-il odorant après détachement de particules de la matière responsable de l’odeur, ou bien l’est-il avant même que l’air ne s’échappe de ladite matière? L’auteur privilégie la seconde hypothèse.
Daniel Tauvry précise ensuite la différence entre d’une part l’olfaction et la gustation (actuels sens chimiques) et d’autre part la vision et l’audition (actuels sens physiques) : « Au contraire, dans la vue ou dans l’ouïe, l’on ne peut pas dire qu’il sorte quelques particules du corps, que nous nommons sonnant, ou coloré, pour occasionner en nous les sentiments de couleur, ou de son. (7) »
Mais qu’en est-il de l’organe de l’olfaction?
Tauvry écrit que « les corps odoriférants, venant à frapper les nerfs [olfactifs], les ébranleront, & que cet ébranlement se continuant au cerveau rendra l’âme attentive au mouvement qui se fait dans le nez. (8) » Aucune mention d’un organe olfactif dans la cavité nasale puisque le premier niveau d’intervention se situerait dans les nerfs olfactifs.
Avec toute la prudence qui s’impose dans l’interprétation des hypothèses avancées au début du premier millénaire, Galien semble avoir eu la même opinion : les substances odorantes traversent le plafond de la cavité nasale, sans relais à ce niveau, pour rejoindre les cavités ventriculaires (9).
Références
1. Angot A.-V., Gaugain F. (1900-1910) Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval, Goupil, vols. 3 et 4.
2. Hirsch A. (1887) Biographisches Lexikon der hervorragenden Aerzte aller Zeiten und Völker. Wien und Leipzig, Urban & Schwarzenberg, vol. 5.p. 621.
3. Collectif (1935) Trois siècles de l’Académie française par les Quarante. Paris, Firmin-Didot et Cie, p. 524.
4. Le Bouyer de Fontenelle B. (1761) Histoire de l’Académie royale des Sciences. Année 1700. Paris, Gabriel Martin, Jean-Baptiste Coignard, & Hippolyte-Louis Guérin, pp. 161-162.
5. Tauvry D. (1698) Nouvelle anatomie raisonnée, où l’on explique les usages de la structure du corps de l’homme. Paris, Barthelemy Girin, troisième édition, p. 316.
6. Op. cit., p. 315.
7. Op. cit., p. 316.
8. Op. cit., pp. 322-323.
9. Lauth T. (1815) Histoire de l’anatomie. Strasbourg, F.G. Levrault, vol. 1, p. 168
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