Les odeurs nous en disent long sur l'évolution. Daphné Poupon, doctorante à la Chaire de recherche UQTR en neuroanatomie chimio sensorielle nous dévoile le fruit de ses recherches.
Nous sommes des proies. C’est ce qu’une équipe de chercheurs* a récemment montré : même s’il pourrait être tentant de penser que nous sommes des prédateurs, les chercheurs ont obtenu comme résultat que les êtres humains réagissent à l’odeur du sang de la même manière qu’une proie.
En effet, les odeurs peuvent communiquer différents types d’informations, et diverses études ont montré que l’odeur du sang suscitait une réaction chez diverses espèces à travers le règne animal. Cette réaction est variable : pour les prédateurs tels que le loup, l’odeur est attractive car elle indique la présence d’une proie potentielle, tandis que pour les proies telles que la souris, l’odeur est répulsive car elle indique un danger. L’information transmise par l’odeur du sang est donc essentielle pour la survie.
Réagissons-nous aussi à cette odeur ? Si oui, quelle est notre réaction ; sommes-nous plutôt comme le loup ou comme la souris ?
Ce sont les questions auxquelles les chercheurs ont voulu répondre. Ils ont observé que l’odeur du sang entraîne un mouvement de recul. De plus, l’odeur du sang conduit à une réponse émotionnelle. Cette réponse peut être mesurée en posant des électrodes sur les doigts ; en effet, nos doigts révèlent notre état émotionnel car, lors d’un stress ou d’une émotion telle que la peur ou la colère, nos mains deviennent moites. Même si ces changements de la moiteur de nos mains nous sont imperceptibles, les électrodes peuvent les détecter. C’est ce qu’il se passe lorsque nous sentons l’odeur du sang : l’odeur provoque un stress qui rend nos mains moites.
Pour aller plus loin et voir si cette odeur a d’autres effets, les chercheurs ont également testé la cognition. Là encore, l’odeur du sang a un effet : en présence de l’odeur, nous sommes plus attentifs et vigilants, ce qui permettrait d’identifier plus rapidement un potentiel danger.
L’ensemble de ces réactions signifient que l’odeur du sang nous est répulsive, ce qui indique que notre réaction à cette odeur est plus proche de celle de la souris que de celle du loup : nous réagissons comme des proies.
*Arshamian et al., A mammalian blood odor component serves as an approach-avoidance cue across phylum border - from flies to humans, 2017
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