Les odeurs peuvent nous aider à nous orienter dans l’espace. C’est ce qu’une équipe de chercheurs en Allemagne a récemment montré : nous sommes capables d’utiliser les odeurs comme points de repère pour prendre la bonne direction.
Des odeurs comme points de repère
Lorsque nous explorons par exemple une nouvelle ville, nous mémorisons des éléments de l’environnement qui nous entoure afin de pouvoir nous repérer et retrouver notre chemin. Ces éléments nous permettent de mentalement créer une carte. Cette carte mentale est constituée de points de repère et de connexions correspondant aux différentes routes qui les relient. La carte contient également des informations telles que les distances ou temps de trajet permettant d’aller d’un point à un autre. Les points de repère les plus communs sont visuels : imaginons par exemple nous trouver à une intersection au niveau de laquelle se trouve un certain bâtiment, un monument ou encore un arbre reconnaissable. Afin de pouvoir retrouver notre chemin un peu plus tard, nous pouvons mémoriser quelle direction il faudra prendre lorsque nous atteindrons de nouveau ce bâtiment, ce monument ou cet arbre reconnaissable qui nous sert alors de point de repère. Il peut sembler évident qu’un point de repère soit visuel, mais les chercheurs ont montré qu’il pouvait également être olfactif :
la présence d’une certaine odeur à une certaine intersection peut permettre d’associer une certaine direction à cette odeur, de manière à ce qu’en arrivant de nouveau à cette intersection, sentir cette odeur nous aide à nous rappeler de la direction à prendre.
L’odorat humain sous-estimé
L’idée que nous puissions nous servir des odeurs pour nous orienter n’est pas évidente car nous nous fions consciemment peu à notre odorat. L’être humain n’est généralement pas reconnu pour son odorat, contrairement à d’autres espèces animales telles que les chiens qui semblent beaucoup plus dépendre de ce sens-là et qui intègrent même les services de police afin de détecter la présence de drogue ou de chercher des personnes disparues uniquement grâce à leur flair.
Les humains possèdent beaucoup moins de récepteurs olfactifs que les chiens : on compte environ 400 récepteurs olfactifs différents chez l’humain contre 1000 chez le chien. Pendant des années, il était estimé que nous pouvions percevoir entre 6000 et 10000 odorants différents, mais d’après de plus récentes estimations, nous pourrions en percevoir jusqu’à 1 milliard – en comparaison, la vision nous permettrait de détecter entre 2,3 et 7,5 millions de couleurs différentes. Le relativement petit nombre de récepteurs olfactifs pourrait être compensé par un cerveau qui est relativement plus volumineux, ce qui nous permettrait, même si nous détectons moins d’odeurs, d’analyser plus efficacement les stimuli perçus.
Les recherches sur l’odorat humain ne cessent de nous apporter de nouvelles connaissances sur des rôles des odeurs jusque-là insoupçonnés, et ainsi de nous montrer que pendant bien longtemps, ce sens a été sous-estimé.
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