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  • Writer's pictureCindy Levesque-Boissonneault

À la resousse de la déglutition

Vous avalez votre salive près de 2000 fois par jour, sans compter tous les aliments et liquides que vous consommez. Sachez qu’il existe différents moyens d’influencer la déglutition chez l’humain, et votre odorat en fait partie !



La déglutition est une action complexe, en grande partie réflexe, qui permet de faire passer la salive, les sécrétions, les aliments et les liquides de la bouche à l’estomac. On divise généralement la déglutition en quatre phase : 1) la phase orale préparatoire, pendant laquelle on mastique les aliments, qui sont enrobés de salive, 2) la phase orale de transport où les aliments et liquides sont transportés par la langue jusque dans la gorge, 3) la phase pharyngée, très importante, pendant laquelle les voies respiratoires se ferment pour protéger les poumons pendant que la bouchée ou gorgée transite vers l’œsophage, et 4) la phase oesophagienne, qui permet à ce qui est ingéré d’atteindre l’estomac, où tout sera digéré.


Cette suite de fins mouvements peut être enclenchée volontairement. Vous pouvez, par exemple, décider de garder des aliments longtemps dans votre bouche, diviser une bouchée en deux déglutitions ou avaler en contractant les muscles plus fort qu’à l’habitude.

Toutefois, le plus souvent, la déglutition s’adapte aux différentes informations sensorielles que la bouche et la gorge reçoivent. Le goût d’un aliment, l’arôme qui s’en dégage, sa température ou la grosseur de la bouchée sont donc autant d’éléments qui peuvent influencer la façon dont se déroule votre déglutition (1). Par exemple, des études ont démontré qu’un liquide très goûteux, acidulé, peut améliorer la rapidité et la fréquence de la déglutition.


Mais qu’en est-il de l’odorat?


On sait, d’abord, que le fait de sentir et de voir les aliments avant de les placer dans la bouche contribue à activer la salivation, une étape nécessaire pour bien gérer les aliments dans le système digestif.

Il semble aussi qu’un mécanisme spécifique de l’olfaction contribue davantage à influencer la déglutition : la rétro-olfaction.


Lorsque vous sentez une fleur ou le parfum de votre tendre moitié, l’air et les molécules d’odeurs transitent par vos narines : c’est l’ortho-olfaction. Il existe toutefois une autre route qui permet de percevoir les arômes : il s’agit de la rétro-olfaction, qui s’active lorsque vous avez des aliments en bouche ou lors de la mastication. Pensez à cet arôme délicieux qui se dégage lorsque vous mangez du chocolat ou que vous dégustez un bon vin… Ce sont en fait les molécules aromatiques qui se détachent dans votre bouche et qui se déplacent jusqu’à votre nez, mais en passant par le fond de la gorge.


Dans une étude menée auprès de 47 participants (3), une équipe de chercheurs a testé l’effet de deux types de stimulation olfactive sur la déglutition: une odeur de vanille envoyée via l’entrée des narines (ortho-olfaction) et la même odeur livrée au fond de la cavité nasale, près de la gorge (rétro-olfaction). Pendant toutes les stimulations, les participants avaient aussi une petite quantité de sucre en bouche. Les chercheurs ont ensuite mesuré et comparé les mouvements de la déglutition par échographie.


Ils ont démontré que la déglutition a été plus rapide et plus fréquente lors de la stimulation rétro-nasale, comparativement à la stimulation ortho-nasale.

D’autres chercheurs ont aussi utilisé de l’huile de poivre noir pour améliorer la déglutition chez des personnes âgées ou atteintes d’une condition neurologique comme un AVC (4). Ils ont fait sentir l’huile juste avant les repas, pendant plusieurs jours de suite. Leurs résultats sont encourageants, mais ne s’expliquent probablement pas seulement par l’activation de l’odorat.


En effet, l’ingrédient principal de l’huile de poivre noir active aussi un autre sens, le système trigéminal, qui permet de percevoir la sensation de fraîcheur, de chaleur ou de piquant.

Pouvons-nous en conclure qu’il est facile de contrôler la mécanique subtile de la déglutition? Pas nécessairement. Ces influences sensorielles sont très subtiles et sont peu visibles chez les personnes n’ayant pas de trouble de déglutition (ce qu’on appelle la dysphagie). Toutefois, lorsqu’elles sont utilisées auprès de personnes dysphagiques, les stimulations de l’odorat, du goût ou du système trigéminal peuvent faire la différence entre une déglutition qui fonctionne bien… ou pas.

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