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Writer's pictureClément Delcamp

AUTISME ET ODORAT

Le trouble du spectre autistique (TSA) appelé plus couramment autisme est un trouble présent dès la naissance avec une atteinte du cerveau. Ce trouble neurodéveloppemental a une prévalence de 1% dans le monde entier et possède une prévalence d’environ 1,5% au Québec. Ce trouble est caractérisé par des déficits de communication et des comportements sociaux associés à de comportements répétitifs et à des intérêts restreints (DSM-V). D’autres symptômes peuvent également être observés, à savoir un trouble d’apprentissage, un trouble d’anxiété, un trouble de l’humeur (Agence de la santé publique au Canada). Ainsi, le trouble du spectre de l’autisme comprend l’autisme infantile, l’autisme atypique, le syndrome d’Asperger et les troubles envahissants du développement. Les chercheurs tentent toujours d’élucider les causes, les facteurs de risque et l’évolution de ce trouble, afin d’établir un diagnostic précoce et fiable, ainsi que des approches thérapeutiques innovantes adaptées à chaque individu.


APPARITION ET FACTEURS DE RISQUE

Dans la communauté scientifique, les possibles causes d’un TSA restent en partie non élucidées. Le TSA peut apparaître suite à une défaillance génétique et ces gênes sont identifiés chez jusqu’à 25% des enfants présentant un autisme (Miles 2011). Cependant, de nombreux autres facteurs épigénétiques et environnementaux peuvent augmenter le risque d’autisme. Par exemple, l’ingestion de médicaments antiépileptiques à base de valproate de sodium chez la femme enceinte multiplie le risque par 4,5 de développer un autisme chez le nouveau-né. Par ailleurs, trois fois plus d’hommes que de femmes sont diagnostiqués pour un TSA (sexe biologique). Cependant, de nouvelles études précisent que ce ratio homme/femme peut ne pas être lié à la maladie en tant que telle, mais plutôt à un diagnostic plus tardif et plus complexe pour les femmes.


THÉRAPIES ET APPROCHES EXPÉRIMENTALES

Malheureusement, aucune thérapie actuelle ne permet de soigner le trouble du spectre de l’autisme. Cependant, des thérapies cognitivo-comportementales, basées sur des thérapies comportementales, des formations d’orthophonie et autres, favorisent l’adaptation de l’individu et permettent une amélioration du bien-être de ces personnes.


ET L’ODORAT DANS TOUT ÇA ?

L’odorat est affecté par le trouble du spectre de l’autisme; malheureusement, il y a une absence de consensus scientifique chez l’être humain.


L’odorat est essentiel au bon développement d’un enfant, notamment entre la relation des odeurs maternelle et de l’enfant. De plus, l’odorat est un sens important dans la vie de tous les jours. Il nous permet de nous avertir de tout danger (odeur de gaz, aliment périmé…) et joue aussi un rôle dans la satiété et la récompense.


Plus précisément, certaines études ont démontré une hypersensibilité olfactive des personnes autistes, notamment pour détecter des odeurs (Ashwin et al. 2014; Koehler et al. 2018), contrairement à d’autres études qui ont rapporté des difficultés à identifier des odeurs (Suzuki et al. 2003; Galle et al. 2013; Koehler et al. 2018), ou des performances similaires en termes de détection et d’identification d’odeurs chez des personnes autistes et contrôles (Addo et al. 2017; Galle et al. 2013; Suzuki et al. 2003; Tavassoli et Baron-Cohen 2012). Par ailleurs, une étude a révélé un déficit d’activation du cortex piriforme chez des individus atteints d’autisme ; une aire du cerveau impliquée dans la détection (partie antérieure) et l’identification des odeurs (partie postérieure) (Koehler et al. 2018). Il est donc important de poursuivre l’exploration du fonctionnement de toutes les régions cérébrales impliquées dans le traitement sensoriel olfactif chez les personnes atteintes d’autisme.


Étudier l’odorat dans un contexte de TSA est essentiel, car cela permet d’une part, de mieux comprendre tous les symptômes associés à ce trouble développemental et, d’autre part, de possiblement proposer de nouvelles méthodes de diagnostics et/ou de thérapies sensorielles.

Mais comment procéder pour relever ces enjeux scientifiques ?


Le modèle animal peut jouer un rôle essentiel pour mieux comprendre la relation entre l’autisme et l’odorat.


Les rongeurs, et notamment la souris, possèdent un odorat très développé, contrairement à l’être humain qui se base majoritairement sur le sens de la vision. Actuellement, des souris développant une forme d’autisme peuvent être générées de différentes manières, par exemple les souris-acide-valproïque (VPA). Ces souris-VPA développent une forme d’autisme suite à l’injection ou à l’ingestion prénatale chez la mère d’acide valproïque (dérivé du valproate du sodium, qui est un antiépileptique). Ces souris permettent d’explorer l’apparition et le développement de ce trouble, mais aussi d’étudier la relation et les capacités olfactives dans ce trouble à différentes échelles (moléculaires, cellulaires et génétiques).


De plus, les études sont reproductibles entre la souris et l’humain, car celles-ci sont induites par le même facteur pharmacologique. Ce facteur pharmacologique permet d’ouvrir ce champ interdisciplinaire et de favoriser la translation des résultats entre l’animal et l’être humain. L’établissement de ces modèles animaux nous permet d’employer des techniques innovantes et plus invasives, comme l’optogénétique. Ces différentes méthodologies scientifiques favorisent la compréhension de cette maladie et l’élaboration des thérapies innovantes.



COLLABORATION DES LABORATOIRES DE RECHERCHE DE L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À TROIS-RIVIÈRES


L’étude du Pr Johannes Frasnelli (Galle et al. 2013) a démontré que les personnes atteintes d’un TSA présentaient une déficience dans l’identification des odeurs, bien que leur seuil de détection olfactif restait intact. Suite à ces résultats, une collaboration et un nouvel axe de recherche interdisciplinaire viennent d’être établis entre le laboratoire du Pr Johannes Frasnelli et le laboratoire du Pr Syrina Al Aïn. Ainsi, l’équipe du Pr Syrina Al Aïn possédant une expertise dans l’utilisation de modèles animaux, vient de débuter une recherche translationnelle, via le modèle de souris-VPA (autisme). L’étude est actuellement en cours et fait intervenir différents collaborateurs au Québec. Les premiers résultats seront prochainement soumis à publication. L’objectif de cette recherche étant de comprendre comment fonctionne l’odorat chez de nouveaux modèles murins de l’autisme en combinant diverses techniques innovantes (comportementales, physiologiques, génétiques et imageries). L’objectif de la collaboration étant de comprendre la relation entre l’autisme et l’odorat chez la souris, pour ensuite effectuer la translation à l’humain, et ainsi, développer des diagnostics et thérapies innovantes.

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