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Writer's pictureRichard Mimeau

LA GESTION DES ODEURS DANS LES LIEUX D'ENFOUISSEMENT TECHNIQUE


En décembre 2020, devant les inquiétudes grandissantes de la population à l’égard des déchets éliminés dont elle est génératrice, le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) a mandaté le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) afin de faire un état des lieux sur la gestion des résidus ultimes.


Au terme de plusieurs mois d’enquête, les commissaires ont publié en janvier dernier un volumineux rapport dans lequel ils formulent plus d’une centaine des recommandations afin de tendre vers moins d’enfouissement. Au cours de leur mandat, les commissaires ont abordé plusieurs sujets connexes à l’enfouissement soit la gestion du bruit, des odeurs et de la poussière par les lieux d’enfouissement techniques (LET).


À ce chapitre, il est permis d’affirmer que la trame de fond du rapport est positive à l’égard du travail effectué par les gestionnaires privés de LET pour limiter les impacts de leurs opérations sur la population, l’air et les changements climatiques.


LA CAPTATION ET LA VALORISATION DU BIOGAZ :

une solution pour lutter contre les changements climatiques

D’abord, étant donné qu’ils reçoivent plus de 50 000 tonnes de matières annuellement,

les LET privés ont l’obligation en vertu du Règlement sur l’enfouissement et l’incinération de matières résiduelle (REIMR) de capter le biogaz produit par la décomposition des matières en l’absence d’oxygène. Ensuite, ils doivent le brûler avec des torchères pour retirer le méthane qui le compose avant de le rejeter sans danger dans l’atmosphère. Toutefois, plutôt que de simplement brûler le biogaz, les LET privés se sont dotés d’équipements permettant de le transformer en gaz naturel renouvelable afin de remplacer le gaz naturel importé de l’Ouest canadien qui possède un indice carbone supérieur. En plus d’éliminer les déchets de façon sécuritaire pour la population

et l’environnement, les LET privés contribuent doublement à la lutte contre les changements climatiques en réduisant leurs émissions de GES et en produisant une énergie plus sobre en carbone.


LE COMITÉ DE VIGILANCE :

une solution pour une meilleure cohabitation avec les communautés d’accueil

Les LET privés portent une attention particulière aux impacts inhérents à la gestion des déchets grâce à la collaboration des comités de vigilance formés en vertu du REIMR et de la Loi sur la qualité de l’environnement dont le mandat est la surveillance et le suivi de l’exploitation. Force est de constater que ces comités fonctionnent puisque selon le MELCC, en 2019 seulement 59 plaintes ont été formulées à l’ensemble des gestionnaires de LET du Québec (privés et municipaux). Parmi celles-ci, 76 % concernaient les odeurs, 12 % étaient liées à la circulation des camions, 5 % à la qualité de l’air, 3 % au bruit et 2 % à la poussière. Considérant que les LET privés investissent massivement

dans les technologies et les procédés pour améliorer leur cohabitation avec leur communauté

d’accueil, il est permis de penser que dans l’avenir, la gestion des odeurs demeurera une préoccupation constante pour eux et non un enjeu.


LE RECOUVREMENT :

la solution pour diminuer les odeurs

Pour limiter les odeurs et la dispersion au vent des déchets légers, les LET doivent, en vertu du REIMR, recouvrir les déchets reçus chaque jour par d’autres types de matières comme des sols contaminés ou des résidus de matériaux de construction, rénovation et démolition (CRD). Ces matériaux qui ont un potentiel de valorisation limité présentement en raison d’un manque de débouchés offrent des caractéristiques intéressantes pour agir comme barrière contre les odeurs. De plus, leurs utilisations comme matières de recouvrement permettent aux générateurs de s’en départir de façon sécuritaire et à peu de frais. Une telle pratique permet aussi de diminuer les risques de dispositions illégales qui sont néfastes pour les cours d’eau, la biodiversité et l’air.


SOYONS RECONNAISSANTS ENVERS LES LET PRIVÉS

En conclusion, il ne faut pas perdre de vue que les LET privés gèrent nos déchets, ils ne les génèrent pas. Cette distinction paraît anodine, mais souvent la population à une forte tendance à cibler le dernier intervenant de la chaîne de valeur comme étant le responsable de tous les maux. Si le Québec se retrouve dans la situation que l’on connaît, c’est parce que chacun des intervenants en amont, incluant les consommateurs, adopte des comportements qui ont pour effet de générer de plus en plus de déchets. Alors même si le tonnage de déchets envoyé à l’élimination est en croissance, les impacts de leurs gestions sur la population et l’environnement quant à eux sont en décroissance. Pour cela, il faut être reconnaissant des efforts déployés par les gestionnaires de LET privés.



Richard Mimeau

assume le rôle de directeur général du Conseil des entreprises en technologies

environnementales du Québec depuis bientôt 10 ans. Il cumule plusieurs années

d’expérience, entre autres, à titre de gestionnaire dans l’entreprise privée et en milieu politique, et ce, tant au niveau municipal, provincial que fédéral. Son engagement l’aura amené à travailler auprès de plusieurs grands noms de la politique québécoise et

canadienne. M. Mimeau est également impliqué dans diverses actions à vocation communautaire et siège sur plusieurs conseils d’administration, dont celui d’EnviroCompétences. M. Mimeau est aussi détenteur d’un baccalauréat en sciences politiques de l’Université du Québec à Montréal.

Son odeur préférée est un bon vin, surtout le Cabernet-Sauvignon.

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