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  • Élisabeth Lord

LES CARACTÉRISTIQUES DE L'ODEUR

Un texte de Stéphane Cariou, Jean-Michel Guillot, Elisabeth Lord




Les odeurs, quelques soient leurs provenances, peuvent avoir un impact sur la santé des populations exposées, tant au plan physiologique que psychologique. L’analyse des odeurs est toutefois complexe, car outre le fait que chaque individu possède des habiletés très personnelles à percevoir une odeur, agréable ou mauvaise, intense ou non, une odeur est perçue de manière instantanée et cette perception évolue dans le temps.


Les objectifs de cet article sont :


  • Décrire les mécanismes de l’olfaction

  • Décrire les paramètres caractérisant une odeur

  • Présenter les différentes méthodes existantes pour mesurer et caractériser une odeur

  • Présenter un survol des approches d’évaluation de l’impact olfactif ainsi que de la réglementation

Une molécule chimique a des propriétés intrinsèques, dont sa toxicité et son seuil de perception olfactif. En effet, d’un point de vue toxique, ce sont des molécules qui présentent un risque, seules ou en mélange. L’odeur est la perception sensorielle résultant du mélange des molécules dans l’air, elle ne représente pas la toxicité des molécules. En effet, les molécules odorantes présentes dans l’air font réagir les récepteurs olfactifs situés au niveau de la muqueuse du nez. C’est le cerveau qui ensuite analyse si l’odeur perçue est bonne ou mauvaise, et qui l’associe à des odeurs connues comme la fleur ou le lisier, faisant ainsi référence à la mémoire olfactive.


C’est cette perception qui peut engendrer une gêne communément appelée nuisance qui elle peut être à l’origine de stress environnementaux (stress psychologiques inconscients) engendrant des problèmes de santé psychologique et indirectement, physiologique (Figure 1). Par exemple, les molécules odorantes émises par les bassins d’une station d’épuration peuvent générer des nuisances affectant la santé psychique d’une personne alors qu’en réalité les concentrations des molécules émises se situent en dessous des seuils de toxicité.


Figure 1



Cet aspect psychologique comprend également une dimension culturelle/sociale/affective/émotionnelle, qui individualise encore plus la perception des odeurs. (1) En outre, le contexte de la première perception d’une odeur (lieu, moment, événement et émotions associées) joue sur la classification de celle-ci par notre cerveau. (2)


En outre, le phénomène d’accoutumance apparait lorsque la personne est baignée pendant une longue période dans une ambiance olfactive stable (3). L’information continue d’arriver au cerveau, mais celui-ci classe l’odeur comme faisant partie de l’environnement « normal » et ne la traite plus. Cependant, toute modification de cette ambiance olfactive sera perçue immédiatement. Par exemple, lorsqu’un individu entre dans un environnement odorant telle une cuisine lors de la cuisson d’un plat odorant, le nez percevra l’odeur. Cependant après quelques minutes notre odorat se sera habitué et ce n’est qu’en y portant une attention particulière, ou en sortant et rentrant à nouveau dans cet espace, que notre cerveau redétectera l’odeur à son intensité initiale. Il en est de même pour les autres sens tels que le bruit, le toucher et le goût.


L’odeur cependant agit comme un signal d’alerte témoignant de la présence d’un mélange odorant dans l’air ; soit l’odeur de ce mélange est inconnue et peut éventuellement représenter un risque par la présence sous-jacente de molécules toxiques, soit l’odeur est connue comme étant représentative de composés toxiques, ce qui permet donc d’avoir cette alerte identifiant une situation de risques comme, par exemple, lors de l’inhalation de l’ozone.


Caractéristiques de l’odeur

Comme cet article se veut un résumé, les caractéristiques de l’odeur ne seront qu’énumérées. De plus amples informations portant sur les caractéristiques des odeurs pourront être présentées ultérieurement. Cela dit, l’odeur qui est liée à une molécule ou à un mélange complexe de molécules est caractérisée par quatre dimensions qui sont l’intensité, la concentration, l’acceptabilité et la qualité. Toutes, à l’exception de la concentration, sont accessibles directement avec le nez.


Intensité : L’odeur étant une perception, la relation entre le stimulus odorant et la réponse faite par les sujets suit des lois psychophysiques semblables à celles connues dans d’autres modalités sensorielles telles que la vision ou l’audition (4).


Concentration : La sensibilité de l’odorat suit la variation de la concentration du composé odorant. Si n est faible (0,2), la dilution de la substance a peu d’influence sur sa perception, l’odeur est dite persistante. Si n est fort (0,8), la dilution réduit largement l’intensité de la perception, l’odeur est dite peu persistante ou fugace.


Acceptabilité : L’acceptabilité représente le caractère hédonique de l’odeur (son côté agréable ou non). Une odeur peut être agréable, acceptable, désagréable ou intolérable. ; ce classement est subjectif. D’un autre côté, l’accoutumance peut être à l’origine d’un glissement de l’appréciation vers la classe acceptable.


Qualité : La qualité d’une odeur est la première caractéristique de l’odeur identifiée par le cerveau même si le premier réflexe de l’individu qui la perçoit est de fournir une information sur son acceptabilité (5). Il s‘agit de décrire l’odeur à l’aide de descripteurs sensoriels. Cependant, chaque individu perçoit différemment un même signal odorant en fonction de son vécu, de sa connaissance des odeurs, de sa culture.


Références

1. Candau et Jeanjean, 2006; Bestgen, Schulze et Kuchinke, 2015)

2. Köster, 2002; Cerisier, Haas et Nikos, 2017)

3. Cain et Polak, 1992; Dalton, 2000

4. Stevens, 1960; Wright, 1978

5. Benoit et Pannier, 1982; Maille, 2000

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