Au SAOM 2020, nous avons eu la chance de présenter au public une courte conférence sur les nuages: comment on les nomme, ce qu’ils peuvent indiquer par rapport au temps qu’il fait, etc. Nous avons aussi examiné comment sur une longue période de temps pouvaient varier les concentrations d’odeurs calculées avec le modèle AERMOD, dont une des variables importantes est la couverture nuageuse.
Ici nous nous intéressons à voir comment la couverture nuageuse a variée sur une longue période.
Les observations de nuages sont effectuées dans les aéroports vu leur importance pour la sécurité aérienne et concernent entre autres la couverture nuageuse c.-à-d. la portion du ciel couvert par les nuages et les genres de nuages. La couverture a une valeur de 0 en ciel clair à 10 en ciel couvert; nous prendrons ici les couvertures 0, 1 et 2 pour définir un ciel dégagé et 9 et 10 pour un ciel couvert.
Une étude sur la variation de la couverture nuageuse a été publiée en 2008 (voir référence) et couvrait l›ensemble du Canada avec plusieurs stations et des observations sur une période de 51 ans (1953-2003); ici nous présentons brièvement quelques résultats pour Montréal, Québec, Mont-Joli et Bagotville sur une période de 68 ans (1953-2020; toutes les heures); des résultats détaillés sont disponibles pour une dizaine de stations. Les données proviennent des archives météorologiques horaires complètes d’Environnement Canada.
Sur la période d’analyse, Montréal dispose de la plus haute fréquence de ciel dégagé (25.4%), suivi de Québec (24.1%), Mont-Joli (21%) et Bagotville (19.3%). La fréquence du ciel couvert va dans le sens inverse avec une fréquence de 53.4% à Bagotville, 48.5% à Mont-Joli, 48.4% à Québec et 47.8% à Montréal. La différence entre Bagotville et Montréal est plus grande en ce qui concerne le ciel dégagé (6.1%) que le ciel couvert (5.6%).
Au fil de la période, la fréquence du ciel dégagé est illustrée à la figure 1 pour Québec (YQB) et Bagotville (YBG); celles-ci sont les moyennes mobiles calculées sur 5 ans afin d’adoucir les fluctuations trop grandes entre les années consécutives.
Au cours des années, il y a des fluctuations à la hausse et à la baisse, mais on constate qu’aux 4 stations cette fréquence est à la baisse (de manière significative) entre le début et la fin de la période, soit d’environ 37% à Québec, 25% à Mont-Joli, 19% à Bagotville et 12% à Montréal.
FIGURE 1
La variation de la fréquence d’un ciel couvert est illustrée à la figure 2 pour les deux mêmes stations.
FIGURE 2
Entre le début et la fin de la période, la classe de ciel couvert est à la hausse d’environ 24% à Montréal, 6% à Bagotville, 3% à Québec et 0.3% à Mont-Joli. À Québec les fluctuations successives font qu’il n’y a pas de tendance significative avec les années comme aux trois autres stations. On note un fort rehaussement des fréquences entre 1963 et 1975 puis une baisse jusqu’à 2000.
La couverture nuageuse montre une tendance à la baisse pour le ciel dégagé et à la hausse pour le ciel couvert, du moins aux quatre stations présentées ici. On discutera de ce qu’il en advient ailleurs (et ce même pour les régions les plus nordiques) dans un prochain numéro de Odomag. Puisque les observations météorologiques de la voûte céleste comprennent aussi l’identification des genres de nuages présents (par exemple les cirrostratus, les stratocumulus et autres) on peut en obtenir leur fréquence sur cette même longue période et ainsi identifier une variation; on en présentera également des résultats dans un prochain Odomag. Par ailleurs l’origine des hausses, des baisses et des fluctuations communes ou non, demande à être identifiée et il reste à savoir si les changements climatiques y jouent un rôle.
Source: Milewska, E.J., 2008: Cloud type observations and trends in Canada, 1953-2003. Atmosphere-Ocean, 46(3), 297-316.
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