Véolia Recherche & Innovation
Qu’ils aient pour noms comités de riverains, comités de voisinage ou autres, les
regroupements de citoyens affectés par des nuisances olfactives existent depuis pratiquement une vingtaine d’années. Ils sont un outil quasi incontournable de gestion des plaintes pour les compagnies qui désirent entretenir de bonnes relations avec leur environnement.
Le SAOM 2022 sera l’occasion de connaître le point de vue d’experts dans ce domaine. Ils seront réunis le 27 octobre pour débattre du sujet et parler de leurs expériences.
En préparation de cette table ronde, nous avons rencontré monsieur Christophe Renner,
expert en traitement des gaz et des odeurs chez Véolia Recherche & Innovation.
Monsieur Renner a plus de vingt ans d’expérience en gestion des plaintes en matière
d’odeur au sein de Véolia.
Parlez-nous de votre expérience dans le domaine de la gestion des plaintes liées aux odeurs.
Chez Véolia, nous avons des activités qui génèrent des odeurs qui peuvent être désagréables. Nous avions des usines qui étaient loin des centres urbains, mais avec le temps, les gens ont obtenu des
permis de construire de plus en plus proches de nos installations et nous avons été confrontés à des problèmes de voisinage.
Au fil du temps, nous avons donc été amenés à développer un savoir-faire. Généralement, le citoyen incommodé va se plaindre à la mairie qui va prendre contact avec l’Industriel concerné. La pire des choses à faire pour celui-ci c’est de nier et de faire l’autruche. Il est important de dialoguer.
Quels outils utilisez-vous pour ce dialogue ?
En France, les compagnies s’appuient sur un réseau de surveillance que nous appelons
Sentinelle. C’est une équipe d’employés ou de sous-traitants formés à l’observation
selon la méthode dite du Langage des nez (aussi connue sous le nom Champs des
odeurs). Les Sentinelles travaillent avec les associations de qualité de l’air que nous
avons dans chaque région. Nous les appelons les AASQA.
Les AASQA proposent des formations au Langage des nez. Nos Sentinelles sont
formées à ces méthodes. Lorsqu’un Comité de riverains s’organise, il lui est demandé
de prendre contact avec son AASQA régionale et les citoyens intéressés peuvent suivre la formation au langage des nez. Ainsi nous parlons tous de la même chose.
C’est le point important dans l’approche que nous avons développé, nous devons tous parler le même langage. Le domaine des odeurs est un domaine extrêmement subjectif. Il est donc important de prendre du recul et de pouvoir communiquer sur des bases communes. Apprendre le langage des nez et s’assurer que tous les interlocuteurs le parlent est primordial.
Si vous deviez résumer ce que vous considérez vos bonnes pratiques…
Agir au plus vite. Lorsqu’une municipalité nous fait part d’un problème d’odeur, nous tentons d’agir rapidement. Nous avons appris que faire l’autruche ou nier ne sert à rien. Le problème va s’aggraver et cela coûtera plus cher au final.
Ensuite, il faut objectiver la plainte. Pour ce faire, tant les municipalités que les compagnies, nous nous assurons que les riverains soient formés et informés. Il est important qu’ils connaissent le monde des odeurs et son langage, mais aussi, dans une moindre mesure, nos processus. Ils peuvent ainsi plus aisément faire les liens entre les événements odeurs et l’activité de la compagnie et leurs remarques peuvent alors nous aider. C’est véritablement un travail d’équipe et il faut travailler à transformer le rapport de force qui pourrait se créer en opportunité d’échange et de collaboration. Nous vivons tous dans le même environnement, et nous devons tenter de la faire en harmonie.
Au fil du temps, nous voyons ces gestions de plaintes comme autant d’opportunités à communiquer pour mieux vivre ensemble.
LES ASSOCIATIONS AGRÉÉES POUR LA SURVEILLANCE DE LA QUALITÉ DE L’AIR (AASQA)
Les Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) sont des organismes français mesurant et étudiant la pollution atmosphérique au niveau de l’air ambiant. Elles sont agréées par le ministère de l’Écologie pour communiquer officiellement leurs résultats.
Par décret ministériel, elles ont obligatoirement le statut d’association à but non lucratif. Il existe au moins une AASQA par région administrative française. Elles sont regroupées au sein de la Fédération Atmo France.
Chaque AASQA est chargée, à l’échelle de sa région, de 3 missions principales :
• surveillance et d’évaluation, mais aussi de prévision de la qualité de l’air ambiant pour de nombreux polluants ;
• information (y compris du public) sur la qualité de l’air observée et prévisible ;
• fourniture de données sur la qualité de l’air, afin d’aider à l’élaboration des politiques publiques en la matière…
De plus, elles établissent des Cartes Stratégiques Air et fournissent de nombreuses autres données qui sont utiles aux collectivités pour intégrer les enjeux de qualité de l’air dans leurs autres politiques publiques, et notamment dans le domaine de l’urbanisme.
La liste des AASQA se trouve sur lcsqa.org
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